Le grand érudit tibétain Jou Mip’am Namgyal Gyatso (1846–1912) naquit au Tibet oriental. Dès son jeune âge, Mip’am Namgyal manifesta des aptitudes exceptionnelles. À sept ans il avait déjà mémorisé de nombreux livres et poèmes bouddhistes et dès l’âge de quatorze ans, il entra en retraite pour dix-huit mois, où il médita sur Manjushri, le bodhisattva de la sagesse, et éveilla ses facultés psychiques et spirituelles, qui atteignirent par la suite un niveau phénoménal. Lama Mip’am reçut maints enseignements et transmissions des plus grands maîtres, parmi lesquels Patrul Rinpotché, Jamgön Kongtrul, Padma Vajra et surtout Jamyang Khyentsé Wangpo, qui le considérait comme son fils spirituel et son successeur. Celui-ci déclara même que la réalisation spirituelle de Mip’am Rinpotché était égale à celle du futur bouddha Maïtreya, affirmant également que sa connaissance et sa sagesse étaient comparables à celles de Manjushri. Lama Mip’am rédigea des commentaires inspirés, dont plusieurs sont considérés comme des termas (« trésors ») de l’esprit ou de la réalisation, sur des oeuvres majeures des traditions soutrayana et mantrayana. Considéré comme l’un des plus importants maîtres tibétains des derniers siècles, Lama Mip’am contribua grandement au renouveau de l’enseignement philosophique et pratique de l’école Nyingmapa et ses principaux disciples marquèrent profondément la transmission des lignées Nyingma au vingtième siècle. Mais comme ses écrits couvrent tout le vaste corpus de l’enseignement bouddhiste, son oeuvre encyclopédique est aujourd’hui étudiée par les quatre grandes écoles du bouddhisme tibétain. Il est donc un représentant éminent de l’attitude Rimé, mouvement bouddhiste non-sectaire qui se développa au Tibet au dix-neuvième siècle.
Peu avant de décéder, Lama Mip’am prédit notamment la Seconde Guerre mondiale et la Révolution chinoise, de même que l’invasion dévastatrice du Tibet.